La prise en charge d’une personne âgée peut constituer un défi pour les aidants, voire susciter des conflits entre les différents membres de la famille. Les difficultés de l’accompagnement, l’épuisement de l’aidant principal, le coût élevé de la prise en charge et les problèmes familiaux latents peuvent facilement mettre le feu aux poudres. Lorsque la famille est unie autour de l’accompagnement du senior, il est plus simple de surmonter les différents défis de la prise en charge et d’aider la personne âgée à bien vivre le grand-âge. Découvrez les principaux problèmes susceptibles de survenir et quelques conseils pour surmonter les conflits familiaux éventuels.

La fratrie est en désaccord sur les besoins de la personne âgée

Les enfants adultes d’une personne âgée en perte d’autonomie ne voient pas toujours ses besoins de prise en charge du même œil. Un enfant peut estimer que le maintien à domicile de l’aîné dépendant répond suffisamment bien à ses besoins, alors qu’un autre pense qu’il est insuffisant et que leur parent doit être accueilli en établissement.

Comment agir ? Lorsque les enfants sont en désaccord sur la nature et l’étendue de l’aide dont la personne âgée a besoin, le dilemme peut être résolu en consultant un professionnel. Si la personne âgée reçoit des prestataires d’aide à domicile, vous pouvez leur demander leur avis. Mieux encore, invitez une infirmière libérale spécialisée en gérontologie (pourquoi pas dans un service de soins infirmiers à domicile) à évaluer la situation de votre proche âgé et à vous aider à décider si la personne âgée est en sécurité à la maison et reçoit tous les services dont elle a besoin. L’avis d’un professionnel aura plus de poids que les opinions personnelles des enfants.

Le parent lui-même s’oppose à la prise en charge

Parfois, toute la fratrie est d’avis que la personne âgée a besoin d’une aide accrue, mais celle-ci s’oppose à changer ses habitudes de vie, qu’il s’agisse de l’intervention d’un service d’aide à la personne ou la perspective d’entrer en maison de retraite[1].

Comment agir ? Lorsque vous essayez de convaincre votre proche âgé de s’installer en maison de retraite[1], signifiez-lui clairement que vous ne cherchez nullement à le « placer » pour vous « débarrasser » de lui. Aidez votre parent à comprendre vos inquiétudes quant à sa santé et sa sécurité. Proposez-lui notamment de visiter les différentes alternatives susceptibles de répondre à ses besoins de prise en charge (résidences-autonomies, Ehpad[2]…) Pour en savoir plus, lisez notre article : Conseils pour convaincre un parent âgé d’entrer en maison de retraite.

Les problèmes du passé refont surface

Lorsque la fratrie doit se réunir pour aider un proche âgé, les problèmes non réglés du passé peuvent ressurgir. Les rivalités latentes peuvent être ravivées par le stress lié à la prise en charge d’une personne âgée en perte d’autonomie.

Comment agir ? Vous devez d’abord prendre conscience qu’il est rarement réaliste de s’attendre à voir les vieilles rivalités disparaître par la magie de l’union sacrée autour des difficultés de la personne âgée. Il faut parfois accepter les désaccords. Montrez vous-même un exemple de dignité en mettant les différends de côté lorsque vous vous occupez des besoins de la personne âgée. Évitez de mettre sur le tapis des sujets délicats. En faisant preuve d’empathie et en pratiquant l’écoute active, vous permettez à vos proches d’exprimer leurs sentiments et évitez la frustration.

Un enfant assume seul l’accompagnement de la personne âgée

Souvent, le descendant qui réside le plus près des parents assume le rôle d’aidant familial principal. Lorsque les autres membres de la famille ne proposent pas naturellement leur aide, il peut éprouver du ressentiment ou être la proie au stress et à l’épuisement.

Comment agir ? Les aidants familiaux qui estiment qu’ils assument une partie trop importante de la prise en charge de la personne âgée ne devraient pas hésiter à solliciter l’aide des autres membres de la fratrie. Il est parfois nécessaire de préciser vos besoins spécifiques plutôt que de partir du principe que les autres savent à quoi vous êtes confronté. S’ils ne peuvent pas toujours intervenir directement à cause de l’éloignement, certaines tâches peuvent être faites à distance, notamment sur le plan administratif. Ils peuvent aussi recevoir votre proche âgé quelques jours/semaines pour vous laisser des temps de répit.

Un enfant exclut les autres et décide seul de l’accompagnement de la personne âgée

Le scénario inverse du précédent peut aussi arriver. Parfois, un enfant s’occupe de tout, sans informer les autres. Certaines personnes vont jusqu’à limiter l’accès des autres membres de la famille à la personne âgée.

Comment agir ? Il est certes douloureux d’être mis de côté, mais si les besoins de la personne âgée sont satisfaits, il est parfois préférable d’éviter d’intervenir. Si vous éprouvez le besoin de maintenir un contact plus significatif avec votre proche âgé, utilisez le téléphone, à moins que votre proche âgé soit atteint de la maladie d’Alzheimer. Dans un tel cas, il sera plus difficile de communiquer à distance. Si votre frère/sœur filtre les appels et vous empêche de contacter votre proche, envoyez des lettres et des emails pour lui montrer que vous vous préoccupez de votre parent et souhaitez avoir des nouvelles.

Comment payer les frais liés à la prise en charge de la personne âgée

C’est souvent avec la question du financement de la prise en charge de la personne âgée que le bât blesse… Si votre parent n’a pas les ressources suffisantes pour financer sa prise en charge, vous êtes tenu par l’obligation alimentaire de l’aider. La répartition de cette aide est généralement décidée à l’amiable par les familles. Mais, parfois un enfant ne peut ou ne veut pas payer. Celui qui est intervenu chez votre proche en tant qu’aidant principal avant une entrée en maison de retraite[1] doit-il payer comme les autres ? De nombreuses questions peuvent apparaître dans ces cas-là.

Comment agir ? Une discussion sincère entre les proches sera nécessaire. Il est important d’évaluer les coûts de façon réaliste en amont et que chacun fasse ses propres comptes pour voir de quelle manière il peut contribuer. Si les fonds manquent et que l’ambiance est positive, vous devrez peut-être réfléchir ensemble qui peut faire quelques sacrifices pour donner davantage. Si vous n’arrivez pas à une solution, la personne âgée peut faire une demande d’aide sociale, mais cette aide est récupérable sur succession. Faites bien vos comptes. En cas de conflit sur le montant de la contribution de chacun, il est également possible d’avoir recours au juge des familles.

 

La plupart des conflits familiaux autour de l’accompagnement d’une personne âgée peuvent être résolus à l’amiable. Lorsque la prise en charge de votre proche n’en souffre pas, il est préférable de chercher la solution la plus pacifique.

Note de l’article (17 votes)

Cet article vous a-t-il été utile ?

Notez cet article afin de nous permettre d’améliorer nos contenus.

Avatar auteur, Yaël A.
Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

Commentaires (6)

Réagissez, posez une question…

  1. virginie lambin

    Bonjour, il y a un cas qui n’est pas mentionner je trouve. L’enfant rejeté pendant des années qui se retrouve à devoir participer aux frais. Si il ne peut pas prouver cette abandon, le défaut d’aide de ses parents il sera obligé de régler l’aide alimentaire. Et comment prouver ça??? c’est impossible.

    Répondre
  2. Sandrine

    Je suis la deuxième d’une fratrie de 4 enfants. Mes parents ont 85 ans et mon père est dépendant de ma mère après un avc. Elle ne peut pas le laisser seul et est donc dépendante de nous en ce qui concerne les courses, l’administratif, le suivi médical.
    Je suis la plus proche mais malgré tout 1h30 de trajet contre 2h00 pour les autres
    Je m’y rends tous les dimanches et je n’ai donc pas de temps libre pour moi.
    Même si je le fais de bon coeur, je m’épuise de ne plus avoir de temps pour moi.
    Ils y vont mais plus rarement, lorsqu’il a fallu s’organiser pour les vacances d’été j’ai fait remarquer que j’apprécierai qu’ils me laissent un peu plus que qu’on me proposait du fait de ma grande disponibilité dans l’année.
    Et là je me suis faite massacrée, me prétextant que je quantifiais et que j’étais la seule à ma plaindre !!!
    Mais loin de là ! je partais du principe que ce qu’ils ne pouvais pas faire dans l’année, ils pouvaient le faire pendant les vacances !
    Depuis c’est pire, j’en fais de plus en plus !
    Je vais très mal parce que je ne peux pas leur parler, les allers retours chez mes parents me fatiguent mais je ne veux pas les laisser et leur manque total d’empathie alors que leur ai déjà tendu la main me touche en plein coeur ! Ils ne veulent rien changer à leur confort et du coup je porte tout même les rendez vous médicaux qui peuvent se faire à distance ! De plus je suis toujours inquiète pour mes parents !
    Bref, je ne sais plus comment m’y prendre et je suis triste de cette situation d’autant que je ne sais pas pendant encore combien de temps je vais pouvoir tenir comme ça !

    Répondre
Voir plus de commentaires

Les derniers articles

Articles les plus recherchés

Nos dossiers sur ce thème

La santé du Grand-âge

L'accroissement de la longévité s'accompagne de la multiplication de pathologies propres aux personnes âgées. Nous abordons dans ce dossier intitulé "la santé au grand âge"…

En savoir plus

Face à la maladie d'Alzheimer

Nous avons consacré un dossier spécifique à la maladie d’Alzheimer, pour appréhender à sa mesure ce véritable fléau, qui touche en France 800 000 personnes,…

En savoir plus

Face à la maladie de Parkinson

Affection dégénérative du cerveau la plus courante après Alzheimer, la maladie de Parkinson touche plus de 2 % de la population française de plus de…

En savoir plus