Combien de fois avez-vous éprouvé un sentiment de culpabilité à l’égard du proche âgé que vous accompagnez ? Vous craignez de ne pas lui rendre assez souvent visite ? De ne pas l’aider assez à domicile ? D’avoir pris la mauvaise décision, lorsque vous avez opté pour l’accueil en maison de retraite[1] ? Apprenez à utiliser la culpabilité à bon escient et à réduire le stress qu’elle peut entraîner.

La culpabilité des aidants familiaux, une fatalité ?

Combien de fois vous est-il arrivé de regretter ce que vous avez fait ou omis de faire pour un proche âgé dont vous êtes l’aidant familial ? La culpabilité est cette partie de votre conscience qui vous accuse de ne pas être à la hauteur de vos attentes. Faut-il l’écouter ?

La culpabilité peut avoir deux conséquences différentes :

  • si vous la laissez faire, vous risquez fort de vous sentir mal à l’aise, anxieux et stressé. Chez les aidants familiaux, le stress peut avoir vite fait de se transformer en dépression ;
  • vous pouvez choisir au contraire d’utiliser la culpabilité pour vous motiver à vous améliorer, là où cela peut s’avérer nécessaire.

Vous trouverez ci-après des exemples de situations pouvant être sources de culpabilité pour les aidants familiaux d’une personne âgée, ainsi que des conseils sur la façon de concentrer vos pensées et votre énergie pour éliminer ce sentiment et agir pro-activement.

J’ai mauvaise conscience de ne pas passer plus de temps avec mes parents âgés

Lorsque votre mère vous demande de rester plus longtemps ou de lui rendre visite plus souvent, vous risquez souvent d’éprouver un sentiment de culpabilité. C’est d’autant plus vrai lorsque la distance ou un emploi du temps chargé rend les visites fréquentes difficiles. Sans parler du fait que vous savez que vos visites sont attendues avec impatience.

Tenter de satisfaire toutes les exigences de votre vie privée et professionnelle peut rapidement devenir stressant et vous empêcher de profiter au maximum du temps que vous passez avec votre mère.

Concentrez-vous plutôt sur ce qui suit :

Essayez de passer ensemble un véritable temps de qualité. Lisez notamment nos conseils pour mieux communiquer avec un parent âgé.

Dans le cas d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer[2], si vous venez avec vos enfants, vous pouvez également suivre nos 8 conseils pour une visite réussie des petits-enfants.

Bref, le tout n’est pas forcément d’être plus souvent ou plus longtemps chez votre proche. L’important est qu’il puisse réellement en profiter et n’éprouve pas le sentiment de manque que peut laisser une visite « sans saveur ».

Lorsque vous êtes réellement limité dans le temps, vous pouvez toujours faire appel à une association de bénévoles pour rendre visite à votre proche et ainsi vous épauler. Il existe également des services d’aide à domicile proposant des dames de compagnie auprès des personnes âgées isolées. Une auxiliaire de vie peut aussi l’accompagner dans ses sorties.

Vous vous sentirez moins coupable  d’« abandonner » votre parent, si en plus de vos visites, aussi rares soient-elles, quelqu’un d’autre assure la relève.

Je me sens coupable quand je perds ma patience

Prendre en charge une personne âgée au quotidien peut être épuisant et exiger beaucoup de patience. Les aidants familiaux d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, ayant des troubles du comportement, peuvent être déconcertés et réellement avoir des difficultés à garder leur calme face à des demandes répétitives. Il existe des stratégies plus productives que la culpabilité pour faire face à l’impatience.

Concentrez-vous plutôt sur ce qui suit :

La patience des aidants familiaux s’amenuise souvent lorsqu’ils sont épuisés. Si vous avez le sentiment d’être à bout, utilisez ce signe non pour culpabiliser, mais pour comprendre qu’il est temps de prendre une pause. Les aidants familiaux ont besoin de penser à leurs propres besoins et à se reposer pour être au mieux de leur forme afin d’aider leur proche sereinement.

Consacrez votre énergie à trouver une solution de répit, plutôt qu’à culpabiliser. Vous pouvez également pratiquer des activités anti-stress pour les aidants familiaux.

Je culpabilise lorsque je prends du temps pour moi

Placer les besoins de votre parent âgé avant les vôtres est certes un signe d’amour. Vous pensez probablement qu’il est de votre devoir de vous dévouer corps et âme à la prise en charge de vos parents en perte d’autonomie, comme ils l’ont fait pour vous lorsque vous étiez enfant. Vous pensez peut-être que vous avez enfin l’occasion de leur rendre la monnaie de leur pièce et de leur témoigner votre amour.

Vous ne pouvez néanmoins pas mettre éternellement vos propres besoins de côté. Avoir mauvaise conscience de penser aussi à vous est autodestructeur et n’apportera rien de bon à votre proche.

Concentrez-vous plutôt sur ce qui suit :

La meilleure façon d’être disponible pour s’occuper d’un proche, à domicile comme en établissement, est d’être vous-même au meilleur de votre forme. Ce n’est qu’en vous reposant bien, en mangeant des repas équilibrés et en faisant du sport que vous aurez la force d’aider votre proche. Lisez notre dossier sur les solutions de répit et d’accompagnement qui existent aujourd’hui pour soutenir les aidants familiaux.

Je regrette que mon proche soit en maison de retraite

Même si la décision de l’entrée ne maison de retraite[1] a été prise avec votre proche âgé, vous n’êtes pas toujours sûr que c’était la meilleure chose à faire. Si votre proche ne pouvait guère exprimer son opinion et que vous avez dû vous occuper des démarches de l’entrée en maison de retraite, vous vous sentez probablement encore plus coupable de ne pas avoir pu l’aider à rester vivre à domicile.

Concentrez-vous plutôt sur ce qui suit :

Souvent, nous avons mauvaise conscience de ne pas avoir pu aider davantage notre proche âgé pour qu’il puisse résider à domicile. Alors, l’entrée en maison de retraite nous semble une solution prise en dernier recours et nous regrettons ou culpabilisons.

Pourtant, les aidants familiaux ne prennent pas toujours la décision seuls. De nombreuses personnes âgées savent qu’elles seront mieux en maison de retraite[1] au regard de leur perte d’autonomie et ne veulent pas être un poids pour leur famille. Ce choix est le leur et nous devons le respecter même lorsque nous avons l’impression d’être coupable d’en être arrivés à cette situation.

L’accueil en maison de retraite, qu’il s’agisse d’une résidence-seniors ou d’un Ehpad[3], est souvent une bonne solution pour une personne qui souffre de solitude à domicile ou a besoin d’une prise en charge médicale appropriée. Ces établissements répondent aux besoins de votre proche, en matière de vie sociale, alimentation, soins médicaux et animations.

Mais, vous avez toujours un rôle à jouer : lui rendre visite régulièrement, continuer à compter sur son expérience de vie et lui demander des conseils, vous occuper de ces petites choses que le personnel de l’Ehpad[3] ne peut faire à votre place (les anniversaires, certains achats…)

Placer un proche en maison de retraite[1] ou le voir s’y installer n’est pas synonyme d’abandon. C’est au contraire une façon de reléguer à des professionnelles les considérations techniques d’aide dans les tâches du quotidien ou de prise en charge médicale. Vous pouvez alors vous concentrer sur ce qui compte vraiment dans une famille : la qualité de vos relations interpersonnelles.

Je culpabilise lorsque je suis frustré ou en colère

Si vous êtes comme la plupart d’entre nous, vous considérez peut-être les émotions comme la frustration ou la colère comme un signe de faiblesse. Les gens ont tendance à cacher les émotions qu’ils jugent négatives. Pourtant, ces émotions sont aussi naturelles que l’amour et la joie et vous avez le droit de les éprouver. Il est souvent stressant, voire dangereux pour votre santé, d’enterrer ces émotions.

Concentrez-vous plutôt sur ce qui suit :

S’il est vrai qu’être négatif peut avoir une mauvaise influence sur les gens qui vous entourent, voire être destructeur, il est important d’exprimer ces émotions de façon sécurisée et inoffensive.

Vous pouvez partager votre frustration avec un ami, atténuer votre colère grâce à l’exercice physique, donner des bons coups de poing à votre oreiller ou trouver un endroit tranquille pour pleurer… Les méthodes de gestion de la colère existent. Il vous faudra trouver celles qui vous conviennent.

Les aidants familiaux qui n’éprouvent jamais de sentiments de culpabilité sont rares… Lorsque vous parvenez à exploiter ces émotions et à les orienter dans la bonne direction, elles peuvent vous aider à progresser. Si vous vous sentez dans une impasse, n’hésitez pas à consulter un spécialiste ou à partager votre expérience dans un groupe de parole, comme ceux de France Alzheimer[2].

Note de l’article (7 votes)

Cet article vous a-t-il été utile ?

Notez cet article afin de nous permettre d’améliorer nos contenus.

Avatar auteur, Yaël A.
Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

Commentaires (2)

Réagissez, posez une question…

  1. christelle PERANI

    oh combien je vous comprends
    je m’occupe de mon conjoint sortant d’un avc et faisant n’importe quoi et mettant tous les jours sa vie en danger
    En plus il faut travailler pour payer le loyer etc
    aucune aide de l’extérieur et parfois souvent même des moqueries des voisins à essuyer
    on est triste en permanence
    on est épuisé de l’imprévu journalier
    moi je suis devenue dépressive
    Je ne pense plus à moi
    je souffre beaucoup aussi comme vous et le courage ne suffit pas car l’efficience est absente totalement

    Répondre
  2. AUTRET MARIE

    Tellement vrai d’être confrontée à ce sentiment de culpabilité car maintes et maintes fois répètée que jamais je ne mettrais mes parents dans des lieux aussi affreux, je me trouve face à cette situation malgré moi , face à deux pathologies actuelles alzheimer et parkinson, de quoi devenir dingue, je fais un maximum pour qu’ils soient bien avec la sensation d’écoper un bateau qui prend l’eau de toute part et de me sentir totalement impuissante et pas soutenue, certes il y a des aides à domiciles mais l’union de la fratrie n’y est pas et lorsque l’un nécessite du repos pour récupérer et que l’autre déambule, insulte copieusement son conjoint malade, on se trouve devant une impasse, doit on placer le malade alzheimer pour pouvoir permettre au conjoint de récupérer de ses chutes répétitives .. ?? Et que va devenir le malade alzheimer, comment va t’il vivre cet internement même pour un mois en accueil temporaire ?? on se trouve dans un état de trahison, de lâcheté, envers son proche et la culpabilité est là présente, seule face à la douleur ??? parce que parfois le malade alzheimer a des mots qui parlent à l’enfant que vous étiez quand il vous accueille à la maison en disant bonjour ma chérie, je suis heureuse de te voir et là vous vous dites mais comment puis je me regarder dans une glace et me dire que je vais l’abandonner ?, qui suis je pour pouvoir oser enfermer celle qui t’a bercée, t’a écoutée, aimée, choyée quand tu souffrais ???? trouvez moi la réponse, moi je la cherche et j’ai beau entendre toutes les cloches du monde sonner, je n’entends que mon coeur qui souffre et qui hurle de douleur de colère face à ce monde qui n’est pas capable de dépenser un centime pour la recherche , qui se gave copieusement de l’énergie humaine pour épuiser les gens, les détruire copieusement de toutes les merdes ingérées ! alors la responsabilité ne devrait pas être la mienne mais celle de ceux qui ne sont pas capables d’offrir à chacun un monde plus sain, plus pur et moins dégueulasse car en plus vous devez vous saignez pour payer ces prisons !!!!

    Répondre

Les derniers articles

Articles les plus recherchés

Nos dossiers sur ce thème

La santé du Grand-âge

L'accroissement de la longévité s'accompagne de la multiplication de pathologies propres aux personnes âgées. Nous abordons dans ce dossier intitulé "la santé au grand âge"…

En savoir plus

Face à la maladie d'Alzheimer

Nous avons consacré un dossier spécifique à la maladie d’Alzheimer, pour appréhender à sa mesure ce véritable fléau, qui touche en France 800 000 personnes,…

En savoir plus

Face à la maladie de Parkinson

Affection dégénérative du cerveau la plus courante après Alzheimer, la maladie de Parkinson touche plus de 2 % de la population française de plus de…

En savoir plus