Accompagner un proche atteint de la maladie d’Alzheimer[1] est souvent difficile pour les proches. À plus forte raison lorsque le sujet ignore lui-même qu’il est malade. À la différence du déni, l’anosognosie est une pathologie relativement fréquente. Dans ce cas, votre proche n’a pas conscience de sa condition, ce qui complique sensiblement la prise en charge.

Qu’est-ce que l’anosognosie et quel rapport avec Alzheimer ?

L’anosognosie est un trouble neuropsychologique rencontré dans plusieurs pathologies. Lorsqu’un patient en est atteint, il n’a pas conscience de sa propre maladie ou de sa perte fonctionnelle. Pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, on dit très schématiquement que le « malade oublie qu’il oublie ». En fait, l’anosognosie touche entre 23 % et 75 % de l’ensemble des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer[1], selon différentes études.

Bien qu’assez dure à concevoir et plutôt effrayante, l’anosognosie n’est pas si rare. D’après une revue de littérature scientifique, elle toucherait plus des trois quarts des patients après un AVC (au moins de manière temporaire). Jacques Chirac notamment présentait une anosognosie.

L’anosognosie est depuis longtemps reconnue chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer[1], d’une tumeur cérébrale, de la maladie d’Huntington ou d’un AVC.

Cette situation peut être très difficile à vivre pour les proches d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer[1], qui tentent d’aider une personne dans l’incapacité de reconnaître son état. Un sujet atteint de la maladie d’Alzheimer[1] peut avoir de sérieuses difficultés à réaliser certaines actions du quotidien, mais soutenir qu’il va très bien et n’a pas besoin d’aide. Il peut même refuser une prise en charge adaptée au traitement de la maladie d’Alzheimer[1].

Alzheimer : comment distinguer l’anosognosie du déni ?

Pour compliquer les choses, l’anosognosie peut être complète ou sélective. Le patient atteint de la maladie d’Alzheimer[1] peut être entièrement inconscient de sa situation ou même réagir agressivement lorsqu’on lui parle de ses difficultés. Cette situation complique le diagnostic de l’anosognosie et il n’est pas toujours aisé de faire la différence avec un cas de déni.

Voici quelques signes à rechercher, si vous craignez que votre proche souffre d’une maladie d’Alzheimer[1] associée à une anosognosie :

  • la personne a du mal à accomplir des tâches quotidiennes habituelles ou à assurer son hygiène personnelle ;
  • le sujet a des difficultés à gérer ses finances et ses factures ;
  • la personne devient plus spontanée et moins inhibée dans une conversation, sans se préoccuper de son propre comportement ;
  • le sujet se met en colère lorsqu’il est confronté à des pertes de mémoire, une carence dans ses soins personnels ou un jugement erroné ;
  • la confabulation : fabrication de récits ou propos imaginaires.

Que faire si un proche n’a pas conscience d’être atteint de la maladie d’Alzheimer ?

Que vous deviez faire face au déni de la maladie d’Alzheimer ou à l’anosognosie de votre proche, la stratégie de prise en charge la plus efficace est souvent d’atténuer les effets de cette situation, plus tôt que de tenter à tout prix de lui faire prendre conscience de son état.

Essayer de faire comprendre à une personne souffrant d’agnosie qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer[1], qu’elle a changé et doit donc accepter de nouvelles incapacités entraîne le plus souvent une frustration du patient et de l’aidant.

Néanmoins, si une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer[1] ne bénéficie pas d’une prise en charge adaptée, sa qualité de vie ne peut qu’en être affectée et elle peut même se mettre en danger. Il est donc recommandé de tenter, autant que faire se peut, d’adopter l’une des stratégies suivantes :

  • utilisez une approche positive pour communiquer avec votre proche atteint de la maladie d’Alzheimer: soyez patient, encourageant et empathique au sujet des tâches nécessaires à la prise en charge de votre proche ;
  • aidez votre proche à programmer de manière ordonnée les tâches quotidiennes, les soins personnels et l’heure du coucher – essayez d’être disponible ou de prévoir une aide à domicile pour aider votre proche dans ces activités ;
  • réduisez les responsabilités au strict minimum: parfois une aide à domicile ou un accueil en maison de retraite[2], notamment dans une unité de vie protégée Alzheimer peuvent faciliter la prise en charge ;
  • coopérez avec votre proche, sans le remplacer entièrement, pour les tâches nécessaires, telles que le ménage et la gestion budgétaire ;
  • restez calme et concentrez sur votre proche atteint de la maladie d’Alzheimer[1] lorsqu’il fait état de ses inquiétudes: l’écoute positive et empathique vous aidera à le rassurer, sans forcément le contraindre à voir son problème en face.

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Avatar auteur, Yaël A.
Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

Commentaires (2)

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  1. Monteil danielle

    Bonjour et merci pour votre aide .Ma mère atteinte maladie d’alzeimer est placée depuis moins d’une semaine .Je n’arrive plus à aller la voir car elle veut partir et ne comprends pas .Malgre mes tentatives de changer de conversation elle est en boucle …Je ne vois plus d’interet d’aller la voir ma venue n’est que souffrance puisque je l’a laisse chaque fois.Je parts comme une voleuse chaque fois dévastée perdue en me disant que je l’abandonne que je l’ai trahi alors qu’il n’y avait plus d’autres solutions vu son état très avancé de sa maladie.Voila mon desarroi je suis en attente d’aide merci.

    Répondre
    1. yann scouarnec

      Bonjour
      Je suis exactement dans la même situation avec ma compagne (nous sommes ensemble depuis 25 ans); actuellement hospitalisée, car à domicile ce n’était plus possible (elle ne me reconnait plus parfois et vit à une autre époque) et c’est toujours une très grande souffrance que partir et la laisser ainsi dan s sa chambre d’hôpital au point que je redoute les visites et essaye de les espacer.
      Je suis absolument convaincu que la meilleure solution pour elle et pour moi est la placer en EHPAD, où elle pourra être entourée et prise en charge par du personnel formé pour cela. Mais je redoute ce moment qu’elle considérera comme un abandon, alors que je pourrai lui rendre visite tous les jours et ferai tout pour la chérir et la gâter
      Comment faire pour lui faire accepter cette nouvelle vie ?

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