Savoir distinguer les symptômes d’une démence des effets naturels du vieillissement constitue souvent un véritable défi pour les familles, surtout quand la personne tente de cacher sa maladie. La démence effraie le malade, car elle atteint le cerveau et change la personnalité. Nul ne souhaite voir la maladie lui voler ainsi son identité. C’est pourquoi le déni est fréquent chez de nombreux seniors atteints de démence, qui tentent de cacher leurs symptômes à leurs proches.

Le déni des seniors face à la démence

La démence est une maladie qui touche des millions de personnes et change leur vie du tout au tout. Pour autant, elle n’est pas toujours facile à repérer à un stade précoce. Les signes de démence chez une personne âgée sont d’abord subtils, surtout qu’ils ressemblent souvent aux effets naturels du vieillissement. Il est néanmoins important de savoir reconnaître la démence le plus tôt possible.

Votre mère est de plus en plus désorientée ou perd ses mots ? Votre père oublie de payer ses factures ? Si votre proche âgé présente des signes de pertes de mémoire fréquentes et persistantes, il peut être recommandé de consulter son médecin traitant, pour diagnostiquer une éventuelle démence. Lorsqu’ils se répètent et persistent, ces signes sont souvent plus qu’une simple faiblesse liée au grand âge.

Une prise en charge précoce de la personne âgée atteinte de démence peut ralentir la progression de la maladie. Certaines formes de démence peuvent même être guéries, même si ce n’est certes pas le cas pour la maladie d’Alzheimer. Il est donc important de savoir reconnaître les différentes techniques que votre proche peut utiliser (consciemment ou non) pour cacher ses symptômes de démence.

Refuser de participer à une activité autrefois appréciée

Lorsque votre proche refuse d’accomplir des actes qu’il faisait sans problème, de jouer à un jeu simple ou d’essayer quelque chose de nouveau, il est bien possible qu’il ait un problème. Il s’agit souvent de symptômes physiques de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre démence.

Lorsqu’une personne âgée a des difficultés à se souvenir comment faire certaines activités qui étaient autrefois une seconde nature, elle peut tenter de le cacher en affirmant simplement qu’elle n’a pas envie. La personne âgée atteinte de démence a plus de difficultés à apprendre de nouvelles informations, mais ne veut pas toujours le reconnaître : les conséquences d’une telle reconnaissance sont souvent trop douloureuses.

Le conjoint couvre les problèmes du patient atteint de démence

Parfois, lorsqu’un proche âgé éprouve des difficultés à conduire ou à entretenir une conversation avec des parents ou amis, son conjoint le couvre en cachant ses difficultés. Le conjoint d’une personne atteinte de démence intervient parfois et complète la tâche que le sujet malade a du mal à accomplir. Il finit parfois ses phrases ou trouve des excuses pour expliquer la conduite de son proche.

Dans ce cas, vous pouvez avoir des difficultés à repérer les symptômes de la maladie d’Alzheimer de votre parent âgé.

Le déni de son propre déclin cognitif

Affirmer que tout va bien, alors qu’on constate clairement un problème (« C’est normal d’oublier à mon âge » ou « Tout va bien, je suis seulement fatigué ») est l’un des signes de déni chez une personne âgée atteinte de démence.

Le recours à des prétextes pour expliquer ses faiblesses permet à la personne âgée atteinte de démence de se protéger. Elle arrive à se convaincre elle-même que tout va bien et qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Alors qu’en réalité, elle a peut-être besoin d’un traitement adapté à sa situation ou d’une prise en charge dans une maison de retraite médicalisée (Ehpad).

Cacher la démence de crainte d’être placé en maison de retraite

Les personnes âgées préfèrent résider à domicile et garder leur indépendance. De nombreux seniors tentent de cacher leur déclin cognitif pour rester autonomes plus longtemps. Plusieurs études montrent que les personnes aux capacités intellectuelles les plus élevées et au niveau d’éducation le plus avancé peuvent cacher leurs signes de démence pendant une période plus longue. Ces personnes ont des capacités plus élevées que la moyenne et la démence peut plus facilement passer inaperçue aux yeux de l’entourage.

Bien sûr, le niveau d’éducation ne constitue pas toujours une protection contre la démence. Il permet de contourner les problèmes aux premiers stades de la maladie, voire de cacher ses signes. Il reste important pour les membres de la famille d’être à l’affût des éventuels signes de démence chez le senior pour l’aider le plus tôt possible.

L’anosognosie

A la différence du déni, qui constitue un mécanisme de défense psychologique naturel de l’individu, l’anosognosie est une pathologie qui se caractérise par l’absence de conscience de la maladie par le patient. Le sujet malade ignore sa maladie.

L’anosognosie est fréquente chez les personnes atteintes de démence à partir d’un certain stade. Elle touche jusqu’à 80 % des sujets atteints de la maladie d’Alzheimer[1].

L’anosognosie est difficile à appréhender. Les neurologues savent néanmoins qu’elle résulte de modifications anatomiques et d’une atteinte d’une partie du cerveau liée à la perception de la maladie chez l’individu.

Finalement, que votre proche tente ou non de cacher sa maladie, vous pouvez suspecter une démence si vous constatez qu’il a des difficultés avec les actes du quotidien et ses différentes responsabilités. Un bilan neurologique permettra de mettre un nom sur ces difficultés. Il est important de connaître les causes des problèmes de mémoire de votre proche et de savoir s’ils peuvent être traités. Même si le diagnostic fait « seulement » état d’une démence précoce ou de troubles cognitifs légers, cela ne signifie pas qu’il s’agit d’une conséquence normale de la vieillesse. Il est important de commencer à anticiper la prise en charge future de votre proche atteint de démence, pour garantir son bien-être le plus longtemps possible.

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Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

Commentaires (18)

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  1. Sylvie parrenin

    Ma mère est dans le deni total alors qu elle est phase 5 de la maladie.elle dit je ne perd pas la memoire

    Répondre
    1. Virginie Destanque

      Bonjour Sylvie, j’ai un probleme similaire avec ma maman qui a des toubles de memoire tres serieux, une perte d’autonomie, et plus encore. Je ne sais pas quoi faire car je vis aux USA et que plus personne veut l’aider dans son entourage. (maman a fait le vide..). Quels sont les ressources pour l’aider? Est-ce-que une assitante sociale pourrait passer et l’aider, l’emmener voir un gerontologue ou neurologiste? Il faut passer un peu de temps avec elle pour se rendre compte que ce na va pas. Elle habite a Aix-en-Provence. Que dois-je faire?

      Répondre
      1. Alissa

        Si vous mettez en jeu les services sociaux, il y a bien des chances qu’elle soit placée sous tutelle et mise en maison de retraite, un mouroir de façon habituelle et encore plus actuellement. Prenez du temps pour elle ou prenez la chez vous. Il est difficile d’organiser une prise en charge à domicile par des aides de vie à plein temps, mais ce n’est pas impossible.

        Répondre
  2. PEREZ Claudette

    Je m’occupe depuis plus de 7 ans de mon mari qui a 78 ans, diagnostiqué Alzheimer en 2014.
    Il n’accepte aucune aide extérieures et Je ressens fortement des signes d’épuisements.
    Il fugue souvent et je ne peux vaquer à mes besoins naturels ou me doucher que lorsque il fait la sieste et s’il se réveille et ne me voit pas aussitôt il panique et me cherche.
    J’aimerais pouvoir souffler une ou deux semaines afin de recharger mes forces mais ne sais à qui le confier sans risquer de le braquer aggraver sa pathologie.
    Dans l’espoir d’avoir votre avis et vos conseils,
    cordialement.

    Répondre
    1. Alissa

      C’est déjà le signe qu’il vous reconnait et que vous êtes importante pour lui. Peut-être a t il peur d’être abandonné. Il faudrait tout d’abord le rassurer et prendre quelqu’un souvent chez vous pour l’habituer. Vous pourriez dire que cette personne est là pour vous aider (ménage etc) mais accepterait de jeter un oeil sur lui discrètement. Il pourrait ainsi s’y habituer et vous laisser plus de liberté. Un changement brutal pour une maison de retraite et il risque de se laisser mourir.

      Répondre
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