Comme nous l’avons vu dans notre dernier article, la mémoire joue un rôle fondamental dans la constitution de l’identité. Mais plus encore : non seulement la mémoire est ancrée vers le passé, mais elle est aussi tournée vers le futur… Explications. Le voyage dans le temps : entre passé et futur Des chercheurs viennent d’apporter la preuve que lorsque le passé s’évapore, c’est aussi le futur qui s’étiole. Grâce à l’imagerie cérébrale, ils démontrent que la mémoire est le laboratoire où le futur s’invente. Sans les souvenirs, il nous est impossible de nous projeter dans l’avenir. Passé et futur font appel aux mêmes zones cérébrales En 2004, Anne Botzung de l’Université Duke à Durham (Etats-Unis) a pu démontrer par imagerie cérébrale que les mêmes zones cérébrales sont activées lorsque l’on fait appel au passé et au futur. « Nous avons demandé à des volontaires d’évoquer vingt événements vécus la semaine passée et vingt projets envisagés pour la semaine suivante » ; la période d’évocation se limitait à une semaine, et les participants devaient se représenter les événements dans un contexte spatio-temporel précis, du type : « Lundi dernier, quand je suis parti faire mes courses à Paris… ». Résultat : les 2 mêmes zones – le cortex préfrontal antéro-médian et l’hippocampe – se sont activées, aussi bien dans l’évocation du passé que dans celle du futur. Pas d’avenir sans souvenirs Puis Anne Botzung et Lilianne Manning, Professeur de neuropsychologie cognitive à Strasbourg, ont décidé d’aller plus loin et de prouver que le passé nous permettait de nous projeter dans le futur. Elles ont demandé à des sujets volontaires de faire des projets irréalisables qui ne faisaient appel à rien de vécu. La démarche n’était pas simple, car au début, les volontaires avaient tendance, selon les scénarios, à se baser sur des éléments déjà vus ou vécus (films, émissions télé, etc.). C’est alors que l’équipe a décidé de changer de protocole ; elle a réussit à amener les participants à construire des projets vraiment impossibles grâce à deux mots clés donnés, par exemple « danser – lune », « lumière – boire » ou « baleine – la promener ». Résultat : seule la partie du lobe frontal s’activait, prouvant ainsi que les zones se référant à soi, comme celles où s’activent normalement les traces passées, ne s’activaient pas. Bingo ! Plus de doutes : sans souvenirs, impossible de se projeter dans le futur. Ces découvertes permettent d’éclairer le lien entre souvenirs, identité et projection dans le futur, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour mieux prendre en charge certaines maladies neurodégénératives, telles que Alzheimer[2][1]. Source : Science & Vie, juin 2008
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