Lorsque notre mémoire nous trompe, c’est pour notre bien. En effet, selon les chercheurs, si nos souvenirs s’altèrent, se déforment ou disparaissent, c’est en général pour conforter notre personnalité. Explications. La mémoire, un moyen de conforter son identité Ainsi, la mémoire n’est plus seulement l’outil de notre passé ; elle devient essentielle dans le support à notre identité. De nombreuses expériences de psychologie cognitive sont venues étayer ces résultats. Martial Van Der Linden, professeur de psychologie clinique et cognitive à l’Université de Genève, et son collègue Arnaud D’Argembeau, chargé de recherches au laboratoire de psychopathologie cognitive de l’Université de Liège, ont montré notre tendance à nous souvenir des éléments émotionnels positifs, surtout s’ils ont une implication sur notre propre image de nous-mêmes. A contrario, lorsque des personnes déprimées souffrent d’une mauvaise estime de soi, les souvenirs qui reviennent le plus sont en général des événements tragiques. Les faux souvenirs « Parfois, nous complétons nos souvenirs vagues en nous appuyant sur des choses que nous savons de nous-mêmes, le tout dans un but de cohérence » explique Pascale Piolino, maître de conférence à l’Université Paris-Descartes, spécialiste en mémoire autobiographique. Et c’est ce mécanisme qui finit par créer de faux souvenirs. Finalement, on pourrait dire qu’aucun souvenir ne reflète à 100% la réalité ! Décrits par Freud en 1899 comme des « souvenirs écrans », les faux souvenirs sont des inscriptions dans notre mémoire d’événements non advenus dans le passé. Ils sont développés afin de protéger l’individu d’un vrai souvenir, désagréable ou traumatisant. Aujourd’hui, on estime que 30% des individus se remémorent de faux souvenirs, et de nombreuses expériences tentent d’en définir le rôle. Qu’en est-t-il des fabulations ? Les fabulations sont une forme de faux souvenirs, qui n’apparaissent que dans une certaine forme de pathologies type Alzheimer[2][1] ou syndrome de Korsakov. Selon Martin Conway, professeur de psychologie cognitive à l’Université de Leeds, la « construction » d’un souvenir suit deux impératifs : la cohérence de soi et le principe de réalité. C’est ce qui permet par exemple de réaliser que l’on ne peut pas avoir rencontré Jacques à Paris l’année dernière puisqu’il était partit à Hong-Kong. Dans la fabulation, c’est le principe de réalité qui fait défaut ; les patients acceptent alors tout ce qui leur vient à l’esprit. Grâce aux récentes découvertes de la psychologie cognitive, on sait désormais que le travestissement du passé, loin d’être un manquement à notre identité, permet de tisser une cohérence entre notre moi d’hier et notre moi d’aujourd’hui. A suivre… Source : Science & Vie, juin 2008
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