Haïti, 12 Janvier 2010. Ce jour-là, la terre a tremblé. Le séisme laisse derrière lui le chaos et un désarroi profond pour les habitants de l’île. De nombreux Haïtiens ont perdu des proches ou leur toit. Les medias nous abreuvent des images terribles de la situation que traverse la population. Pourtant, il semble que certaines victimes de cette calamite ont été oubliées. Que sont devenues les personnes âgées de Port-au-Prince? Comment cette population déjà fragile traverse-t-elle l’épreuve du lendemain de la catastrophe? Vivre ou survivre ? Le terrible séisme survenu voici trois semaines est une dure épreuve supplémentaire pour les aînés haïtiens, déjà exposés au quotidien à une réalité de vie difficile. Comme en témoigne Jean Emmanuel, le responsable de l’Asile Communal de la capitale Port-au-Prince, l’aide internationale tarde à arriver et même le personnel de la maison de retraite fait défaut. En proie à la faim et à de graves problèmes d’hygiène, les personnes âgées sont dans une situation plus précaire que jamais, vivant proche des décombres de deux des trois bâtiments que comptait la structure avant la tragédie. Leur désespoir est immense, il n’y a nulle part ou aller, car les hôpitaux sont détruits ou bien débordent de victimes. Malgré cette situation extrême, aucun représentant légal de la Ville ne s’est déplacé auprès d’eux. La survie de ces citoyens âgés dépend donc en grande partie de l’efficacité des équipes de secours internationales et de l’action des ONG telle que HelpAge, une organisation vouée à l’aide aux personnes âgées en difficultés.
Une existence déjà difficile avant le séisme Au sud-est d’Haïti, à Jacmel, il n’est pas rare de voir des vieillards s’adonner à la mendicité, toujours aux mêmes endroits, comme s’ils y avaient élu domicile. Ce sont le plus souvent des femmes, et elles espèrent ainsi gagner les quelques gourdes (monnaie locale) qui leur permettront de se procurer de quoi restaurer leur estomac affamé. En interrogeant Régine, 71 ans, ou Sophie, 70 ans, sur leur précaire mode de vie, elles répondent presque fatalement que c’est pour elles le seul moyen de survivre. Aux difficultés financières s’ajoutent les problèmes de santé du grand âge pour bon nombre d’habitants de Port-au-Prince, qui ne dispose d’aucune enveloppe dédiée à ce secteur de population. Les seules aides à espérer proviennent de congrégations religieuses ou d’initiatives isolées. Un homme affaires local distribue ainsi tous les samedis cinq gourdes à chaque mendiante.
Comment en est-on arrivé là? La situation de dénuement des personnes âgées de Port-au-Prince est le reflet d’un problème d’échelle nationale. La principale allocation pour les aînés provient de la Caisse d’assistance sociale. Son budget est très limité, sa source provenant d’une maigre cotisation d’1% prélevée sur le salaire des fonctionnaires. Le CAS centralise les dossiers, étudiés ensuite par le ministère des Finances. En cas d’acceptation, trois mois d’attente sont encore nécessaires avant de percevoir une première allocation, versée ensuite mensuellement. Rappelons qu’Haïti est l’Etat le plus pauvre des Amériques. Les demandes d’assistance financière sont nombreuses et les moyens d’y répondre demeurent très limités. Ces aides insuffisantes sont malgré tout indispensables pour la survie d’un 3ème âge fragilisé par les rigueurs de la vie dans ce pays. Espérons que le mouvement de solidarité internationale pour Haïti engendré par le séisme permette de délivrer rapidement un soutien concret aux aînés en détresse ainsi qu’à l’ensemble de la population de ce pays durement éprouvé.
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JGL