L’alcoolisme est un facteur de risque de démence important chez les personnes âgées, d’après une nouvelle étude de l’INSERM, qui pointe le doigt sur un phénomène encore trop fréquent chez les plus 65 ans. Une autre étude souligne au contraire le côté protecteur du cannabis. Au-delà du risque accru de souffrir de la maladie d’Alzheimer[2][1] ou d’un trouble apparenté, il existe également des démences plus spécifiquement liées à une consommation excessive d’alcool. Quels sont les risques ? Comment reconnaître une démence liée à l’alcool ? Et comment aider un proche atteint d’une telle pathologie ?

L’abus d’alcool augmente des risques de démence

On connaît bien les méfaits de l’alcool sur le foie et les risques de maladies cardiovasculaires ou de cancers. Quant au cerveau, il souffre aussi d’une consommation régulière et excessive d’alcool. Au chapitre des troubles cognitifs, les démences, maladies qui effraient de plus en plus les seniors et leurs proches, sont favorisées par l’alcoolisme, d’après une nouvelle étude de l’INSERM, publiée la semaine passée dans la revue Lancet Public Health.

Les risques de démences en général triplent chez les personnes ayant une consommation excessive d’alcool. Le risque de développer la maladie d’Alzheimer[2][1] double chez les alcooliques.

L’étude effectuée à partir des bases de données des hospitalisations en France sur la période de 2008-2013 montre que plus de la moitié des démences précoces sont associées à un abus d’alcool. Pour les démences apparues après l’âge de 65 ans, on retrouve une trop forte consommation d’alcool dans 8 % des cas.

Les chercheurs expliquent que l’alcool détériore le cerveau et les fonctions cognitives, d’où l’accélération du développement des démences chez les jeunes comme chez les personnes âgées.

Un abus d’alcool s’entend d’au moins six verres par jour pour les hommes et quatre pour les femmes.

Le cannabis protège-t-il de la démence ?

Si l’alcool est mis en cause et présenterait un facteur de risque de démence plus grave encore que le tabagisme ou l’hypertension artérielle, le cannabis semble au contraire avoir un effet protecteur.

C’est en tout cas ce qui ressort d’une étude publiée dans la revue Nature Medecine, réalisée par des chercheurs allemands et israéliens. La substance active du cannabis (THC) injectée à des souris âgées a permis de restaurer leurs capacités cognitives au même niveau que celles de souris plus jeunes recevant un placebo. Un effet qui s’est avéré inverse chez des souris jeunes traitées au THC. On sait en effet déjà que le cannabis est néfaste pour les cerveaux des sujets jeunes.

Des études sont encore nécessaires pour confirmer (ou infirmer) l’effet protecteur du cannabis contre la démence chez les humains. Affaire à suivre…

Les démences dues à l’alcool

Il existe également des démences spécifiques causées par un abus d’alcool. C’est le cas notamment du syndrome de Korsakoff, lié à une baisse du taux de thiamine (vitamine B1). Cette vitamine est en effet victime d’une consommation excessive d’alcool au long terme.

Parfois, le syndrome de Korsakoff est précédé par un épisode d’encéphalopathie de Wernicke. Ce phénomène est connu sous le nom de syndrome de Wernicke-Korsakoff, une complication due au manque de thiamine.

Les symptômes de ces démences sont les suivants :

  • confusion,
  • manque de coordination,
  • tendance à tituber et trébucher,
  • difficultés à apprendre de nouvelles informations,
  • incapacité à se souvenir d’événements récents,
  • perte de la mémoire à long terme.

Avec ces démences liées à l’alcool, le patient a tendance à affabuler, inconsciemment, pour compenser ses pertes de mémoire.

Les malades atteints de démences liées à l’alcool ont également des moments de lucidité, pendant lesquels ils peuvent tenir une conversation cohérente. Ces zigzags rendent la vie difficile aux aidants qui ont des difficultés à distinguer les symptômes de démence d’une intoxication alcoolique.

Que faire pour aider une personne atteinte de démence liée à l’alcool ?

Contrairement à la plupart des différentes formes de démence, la démence causée par l’alcool est, dans certains cas, réversible. Pour les familles, savoir que cette démence est curable, au contraire de la maladie d’Alzheimer ou de la démence vasculaire, donne une lueur d’espoir.

Malheureusement, la prise en charge d’un proche atteint d’une démence de ce type n’est pas si facile. Les personnes qui guérissent du syndrome de Wernicke-Korsakoff ne peuvent rester saines que si elles continuent à s’abstenir d’alcool.

Or, convaincre un alcoolique de demander de l’aide et de suivre une cure de désintoxication n’est pas aisé. En outre, les centres de cures de désintoxication ne sont pas toujours prêts à prendre en charge une personne âgée atteinte de démence, qui aura plus de mal à s’impliquer dans le traitement.

Si vous soupçonnez votre proche d’être atteint d’une telle démence, parlez-en à son médecin traitant et demandez-lui de vous orienter vers une consultation mémoire[3] pour faire un diagnostic.

L’association France Alzheimer de votre région peut aussi vous conseiller et vous aider à surmonter les difficultés, ainsi que la honte causée par une démence liée à l’alcool.

Si vous cherchez une maison de retraite[4] pour votre proche âgé, sachez que tous les établissements ne sont pas prêts à accueillir une personne souffrant du syndrome de Korsakoff. N’hésitez pas à contacter les conseillers Cap Retraite[4] qui vous aideront dans vos démarches.

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Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

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