A l’heure des bilans, que retiendra-t-on de 2007 ? Vu sous l’angle de l’aide aux personnes âgées, l’année était porteuse de beaucoup d’espoirs… Tant au niveau de l’aide aux aidants qu’au sujet de la lutte contre la maladie d’Alzheimer[2][1], nous pouvions espérer beaucoup d’améliorations. Pourtant, marquée par la campagne électorale, le changement de président et de gouvernement, l’année 2007 n’aura été, en définitive, qu’une année de transition. Retour sur les espoirs déçus –et les quelques avancées positives - de 2007. La grande avancée de 2007 : le vote de la réforme des tutelles S’il ne fallait retenir qu’une seule chose des progrès enregistrés au cours de l’année, ce serait incontestablement le vote et l’adoption définitive de la réforme du système des tutelles. Certes, ce n’est que dans un an, le 1er janvier 2009, que l’ensemble des nouvelles dispositions entreront en vigueur, mais un tournant majeur peut d’ores et déjà être enregistré. La nouvelle loi, adoptée en mars 2007, renforce la prise en charge sociale –et non plus judiciaire- des cas de personnes vulnérables ne relevant pas stricto sensu d’une incapacité médicale. Ce traitement social devrait échoir aux Conseils généraux des départements, de façon à désengorger enfin le système judiciaire (qui gère actuellement les 700 000 personnes sous tutelle
[3], alors que l’on en prévoit 1 million à l’horizon 2010 !). La réforme humanise de plus le système de protection juridique des personnes vulnérables, en prévoyant à présent la protection de la personne elle-même et non plus seulement de son capital, prenant ainsi mieux en compte les droits et la volonté de la personne protégée. Outre l’encadrement et les contrôles plus fréquents et plus stricts destinés à éviter les abus éventuels des gérants de tutelle
[3], la grande nouveauté proposée par le nouveau système est l’instauration d’un « mandat de protection future ». Il s’agit de permettre à une personne de désigner à l’avance quelqu’un qui sera chargé de veiller à ses intérêts en cas de vulnérabilité, par exemple en cas d’aggravation des symptômes de la maladie d’Alzheimer
[2][1]. Une réforme majeure, dont nous reparlerons avant son entrée définitive en vigueur, qui aura été l’un des progrès les plus marquants de 2007.
L’aide aux aidants familiaux : quelques progrès cependant Les « aidants familiaux », ces proches de personnes âgées malades ou dépendantes, sont traditionnellement les laissés pour compte des politiques sociales. Cette année devait marquer un tournant, de nombreuses initiatives annoncées en janvier dernier avaient en effet été annoncées. Le ministre délégué aux Personnes âgées d’alors, M. Philippe Bas, avait promis de mettre en œuvre une véritable politique d’aide aux aidants, notamment via la mise en place d’un vaste programme de formation (formation aux soins, formation en psychomotricité et soutien psychologique). Mais cette impulsion prometteuse s’est éteinte avec la campagne électorale.
Un plan « Bien Vieillir » devenu orphelin en cours d’année L’aide aux aidants ne fut pas la seule victime du calendrier politique : le plan « Bien Vieillir » aussi, en a fait les frais. Il faut dire que la perspective des élections présidentielles et législatives a eu pour conséquence le gel de nombreuses initiatives du gouvernement, la plupart du personnel politique s’étant mobilisé dans les campagnes électorales. Lors du colloque « Bien vieillir » organisé en janvier dernier, le ministre Philippe Bas, très en verve, y avait déclaré « Après avoir ajouté des années à la vie, il faut maintenant rajouter de la vie aux années ! » Mais le plan Bien Vieillir 2007-2009 est resté lettre morte depuis, d’autant plus qu’aucun ministre délégué aux Personnes âgées n’a succédé depuis à M. Bas… Sans mentor pour l’animer et en suivre la réalisation concrète, nul programme n’a la possibilité de changer la réalité.
Alzheimer[2][1] : le grand loupé de 2007 Il en fut de même pour la lutte contre la maladie d’Alzheimer
[2][1]. Proclamée à grand renfort de communication « Grande Cause nationale 2007 », aucune percée notable n’a été enregistrée cette année. Rien de concret n’est sorti de ce statut de « grande cause nationale » car, aux mêmes causes les mêmes effets, la période des élections et le changement de gouvernement a entraîné un gel des actions gouvernementales entre la mi-mars et le mois de septembre. Le président Sarkozy a alors annoncé son ambition, la mise en place du grand Plan Alzheimer
[2][1] 2008-2012. Certes, mais l’année 2007 a constitué une occasion manquée, une année entre parenthèses pour les malades d’Alzheimer
[2][1] et leurs familles.
L’apothéose avortée : la suppression du caractère non-récupérable de l’APA Le summum a bien failli être atteint lorsque, à la faveur d’un amendement sénatorial adopté en séance nocturne, trois jours avant l’adoption de la loi de budget 2008, le caractère d’aide gratuite de l’APA a failli être remis en question. Après avoir vécu tant de déceptions, après avoir perdu le ministère délégué dédiée dont elles disposaient, les personnes âgées auraient pu perdre en 2007 le bénéfice de la principale allocation de prise en charge de la dépendance
[4]. En effet, si l’APA était devenue remboursable, récupérable sur l’héritage, plus d’un million de personnes âgées dépendantes qui en bénéficient à l’heure actuelle se seraient senties abandonnées par la collectivité nationale. Une catastrophe fort heureusement évitée.
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